dimanche 8 septembre 2013

Carnets pyrénéens # 12 : Odeillo un dimanche matin, un mirage de montagne ?


Sur la route, dans la descente, Odeillo dans le brouillard épais ressemble à un village qui serait tout à coup, plate-forme instable, remonté ou redescendu de ses fondations. Nappes de vapeur froides sur les routes fumantes, mais ce ne sont pas celles, brûlantes, auxquelles je suis habitués : tout cela me paraît improbable, surgi brusquement d'un rêve matinal.

Retrouver si tôt un dimanche tous ces repères désormais familiers, l'angle d'une rue, une toiture, un échafaudage, dans un décor fantomatique, vaporeux et frais... Des créatures étranges surgiront-elles comme dans un conte montagnard ? Il a plu hier et seuls les escargots catalans jaunes et noirs, petits et grands, sont de sortie sur les talus.

Le village endormi semble ne pas vouloir sortir de sa léthargie cotonneuse et refermé sur lui-même, dans sa gangue de silence, il reste tapi au creux de la vallée.

Je continue de marcher et tout à coup, les brumes se dissipent. Sur la place de l'église, tout est clair.

Au retour, je ramasse quelques coquilles d'escargots catalans striés de bandes jaunes et noires, vides et si belles, comme je le faisais en juillet avec Caroline en Bretagne, glanant les coquilles multicolores des minuscules escargots de mer et les coquilles de berniques (ou « Birniks ») qui ressemblent tant à des « chapeaux chinois », dont c'est le surnom.

Lorsque je n'ai pas de carnet et de crayon, j'envoie désormais des textos à moi-même, j'en ai pris l'habitude l'autre jour en randonnée... étrange méthode je trouve, mais efficace ! C'est ce que je fais lors de cette halte sur une pierre de muret, alors que je reprends mon souffle, et reprends la lecture des premières pages de La Peste (1947) d'Albert Camus, pour entrer à nouveau en contact avec Oran et le docteur Rieux : « Le matin du 16 avril, le docteur Rieux sortit de son cabinet et buta sur un rat mort, au milieu du palier. Sur le moment, il écarta la bête sans y prendre garde. Mais, arrivé dans la rue, la pensée lui vint que ce rat n'était pas à sa place et il retourna sur ses pas pour avertir le concierge. »



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