mercredi 26 juin 2013

« C'est comme l'horizon fait vague... »




Photo Yannick Vigouroux, 
« El Puig, Espagne, septembre 1996 »




« C'est comme l'horizon fait vague,
c'est comme une mer
immense qui se reflète dans le ciel.
C'est comme la liberté faite bleue comme la Terre,
comme un parterre de mer pour cœurs amers.
Une béance d'océan pour enfant solitaires. »

(Anne-Marie Grapton)

mardi 18 juin 2013

« Les pixels de la mémoire numérique », intervention dans le cadre du colloque « La photographie, entre image et mémoire », Centre méditerranéen de la photographie, Bastia / Université de Corte, 13-14 octobre 2005

A l'occasion de la publication du dossier « Tous photographes ! » dans Télérama n° 3308 du 8 au 14 juin 2013, un petit flash-back sur ce qu'était il y a moins de dix ans la photographie au téléphone mobile, avant l'apparition de logiciels tels qu'Instagram, Hipstamatic, et des smartphones, Androïds, I-phone...







« Sommes-nous devenus de grands photographes », ou simplement « photographes » ? Qu'est-ce qu'être « photographe » ?



















Le PDF complet des actes du colloque :

mardi 11 juin 2013

« Un monde autre » de Lomig Perrotin : quand le positif direct sur papier réincarne le photomaton...






Photos Lomig Perrotin





Lomig Perrotin réalise dans la série « Un monde autre » des diptyques qui sont de fausses vue stéréoscopiques ou photos judiciaires. Le visage aux orientations et inclinaisons variables, jamais parfaitement de face ou de profil, semble s'incarner doucement, bien que légèrement flou (ou peut-être justement pour cette raison), dans les fibres du papier.

L'artiste, qui a par ailleurs récemment revisité la pratique du cliché-verre chère à Brassaï dans son hommage à H. P. Lovecraft, renoue avec cet autre pratique artisanale et primitive qu'est le positif direct sur papier. Celle-ci confère une fragile et délicate aura à ces portraits à la fois si contemporains et si intemporels.


La série est visible ici :

Le site de l'artiste :

lundi 10 juin 2013

Villa Cendrillon (2012-2013)



Photo Yannick Vigouroux,
« Villa Cendrillon, Luc-sur-Mer, 2012 »





Mai 2012. Une chaise rose au fond du jardin, éclairée par une belle lumière hivernale, froide et feutrée. C’est une chaise métallique toute simple qui a été peinte en rose, comme sa sœur jumelle que je découvrirai plus tard.  La mer est là, derrière le mur de plexiglas bleu rayé, non pas couleur de nacre mais opalescente.

Je pose ma valise et mes sacs. Les parois de la villa sont minces, son ancien propriétaire, dont le nom, justement, a sans doute pour étymologie « maison »  a visiblement tout construit lui-même. Son modeste mais attachant refuge me fait un peu penser à une maison d'enfant en carton pâte, impression renforcée par son nom qui est une référence explicite au conte de fée, et probablement, au dessin-animé de Walt Disney. D'emblée,  je me sens à l'aise dans cette  demeure, dont les dimensions et l’absence de prétention  me conviennent parfaitement.

Ma petite nièce de sept ans m’apprendra  plus tard qu’en réalité la couleur de la robe de Cendrillon n’est pas le rose mais le bleu – ma couleur préférée – , qu’importe, les deux couleurs sont là,  formant un couple harmonieux comme ces coussins sur le canapé.

Mon  «  cabanon  » normand en quelques sorte, il est pour moi la version légèrement agrandie, si rassurante des cabines de plages en bois, et relève du même vernaculaire naïf et attachant.

Cabines de plage, chaises et bancs, passants et vacanciers aux chiens curieux, autant de signes vernaculaires et de structures du littoral qui s’égrènent doucement, au rythme des marées, de l’étirement de l’espace et de la suspension du temps, sur la partition silencieuse de mes minuscules poladroids…

23 décembre 2012 : moi qui n’aime guère la Fête de Noël, je suis heureux de passer celle-ci à la Villa Cendrillon. Elle me semble un lieu si propice à tous les contes, à toutes les féeries.

Hier soir après avoir posé mes bagages, j’ai photographié cette irréelle et minuscule nuit américaine de conte de fées à Cendrillon due à l’éclairage de la cabane de jardin.

Dans ce décor propice à toutes les métamorphoses, des êtres chimériques surgissent peu à peu.

Il y a d'abord, entre autres, involontairement assorties aux chaises et au coussin, les bottes roses de Marie « dans le vent » sur la plage.

Et, plus tard, dans le jardin public de la Maison de la Baleine (qui abrite l’immense squelette du cétacé, autre animal de légende qui a fasciné tant de générations d’enfants de la région), surgit un paon, entièrement blanc comme si on avait oublié de le peindre...

Puis il y a un soir, le papillon de Cendrillon : la métamorphose de la chenille a du avoir lieu quelques jours avant mon arrivée samedi. Le papillon reste prisonnier de sa cage : contre la vitre il essaie en vain de s’envoler vers ce ciel inaccessible, se cogne désespérément contre lui comme à un décor trompeur. Je l’ai attrapé, j’ai pris soin de ne pas l’écraser dans mes doigts, ai ouvert la porte de la cuisine. Cette fois il s’est heurté au toit transparent de la véranda. Je l’ai attrapé à nouveau, j’ai tourné la clef de la porte, l’ai poussée non sans peine, la serrure montée à l’envers – il faut lever la poignée vers le haut – coince un peu, et j’ai lâché le papillon dans le jardin après avoir constaté, soulagé, que je ne l’avais pas écrasé dans mon poing. Cette fois, il s’est envolé vers le ciel, au niveau de la cabane de jardin que j’ai photographiée le soir de mon arrivée.

Depuis, d'infimes apparitions et métamorphoses n'ont cessé de se multiplier, et, émerveillé comme un enfant, je n'ai de cesse de les photographier.

Les « Littoralités » siciliennes dématérialisées avec bonheur dans la revue « BRUIT BRUT # 2 » (mai 2013)













 Photos Yannick Vigouroux, Sicile, juin 2010





Trois photos réalisées avec une Agfa box 6 x 9 cm en Sicile en juin 2010 viennent d'être publiées dans la revue BRUIT BRUT # 2 (Conception : Karine Maussière, Lionel Broye, Julie Menuet Le Her) aux éditions Macrosonges.
 
Quarantenaire, j'ai d'abord connu et aimé tous les supports dits désormais "papier" (livres, fanzines, revues, tirage argentique...) auxquels je reste très attaché.  Le rappel est peut-être inutile (?), mais j'évoque ce fait important : je n'ai été initié à l'informatique qu' à l'âge de vingt ans. Je ne suis pas né dedans.

J'ai en effet, souvent l'impression que ma vie est coupée en deux, dans ma relation à moi-même, et au "monde", aux autres : livres papier, revues & fanzines, photo argentique, courriers postés avec de jolis timbres - la notion de "correspondance" papier / Internet, tablettes, numérique, courriels, Facebook, Flickr...
 
Certes j'utilise de plus en plus mon smartphone cassé et fissuré pour réaliser mon "travail photographique" (écriture de lumière), après des années de pratique argentique avec une box 6 x 9 cm, mais leur restitution sous la forme de tirages papier thermiques ou pigmentaires reste pour moi une étape de matérialisation importante. J'imagine mal, par exemple, ces images projetées. On me l'a parfois demandé et je l'ai toujours fait à contrecœur...
 
Aussi étais-je un peu sceptique, je l'avoue, lorsque l'on m'a proposé de publier des « Littoralités » dans « BRUIT BRUT n° 2 » ; mais ma curiosité et mon goût pour l'expérimentation, et la remise en question de mes certitudes, l'ont semble-t-il emporté... J'étais, il faut le dire aussi, séduit par les qualités graphiques de la revue et des thématiques abordées.

 
J'ai découvert il y a quelques jours « BRUIT BRUT 2 » sur une tablette numérique que l'on m'a prêté ; et j'avoue que j'aime beaucoup ce que j'ai vu, comme je l'ai confié à l'une des conceptrices, Karine Maussière : j'ai pris vraiment plaisir à faire défiler les images du bout du doigt l'écran tactile (quelle sensation proche et différente à la fois que celle de déplacer du bout du doigt la feuille de papier cornée !).

En regardant les trois images de ma série « Littoralités siciliennes » choisies par les concepteurs, je me suis rendu compte que je ne les avais presque pas retravaillées, après les avoir scannées avec un ami (peut-être comptais-je secrètement sur les compétences de mes interlocuteurs marseillais, qu'ils amélioreraient un peu cela avec le logiciel adéquat?), : cela leur donne un côté très brut et grillé, à la fois bien dans l'esprit du titre de la revue, de la lumière sicilienne, et de ma façon de voir en général... L'immatérialité revendiquée de mes images m'a semblé renforcée par la tablette. Je les ai trouvées plus « transparentes », un peu comme si elles avaient été transférées sur une plaque de verre (numérique), grâce à un procédé nouveau...

Bien sûr, tout cela reste un peu trop inodore pour moi (je reste nostalgique des odeurs du papier et de l'encre...), mais renonçant à mes a priori, je dirais amusé que je sais maintenant que c'est parfaitement « indolore », qu'il s'agit d'une voie intéressante à explorer, qui offre des potentialités indéniables dont je n'étais pas du tout conscient.
 

 
La revue est téléchargeable sur I-Tunes Store ou en PDF :

Le site de macrosonges :