mardi 11 février 2014

Carnet varois # 2, « Petites histoires de pierres », Châteaudouble, 11 février 2014

« […] tout est matière en ce monde et mourir signifie seulement retourner à l'élément l'être c'est la pierre. La singulière volupté dont parle Epicure réside surtout dans l'absence de douleur ; c'est le bonheur des pierres. » (Albert Camus, L'homme révolté, 1951)



A chaque randonnée dans les sentiers de l’es paillon et des Avals, dans le Haut Var, le rituel a consisté, dès ma première marche, à déposer à chaque passage (dans les deux sens) deux ou trois cailloux sans vraiment les choisir sur un petit cairn bordélique, dénué de recherche esthétique, où j'avais inscrit au crayon l'heure et jour (« 4 fév. 2014, 15 h 34 ») de ma première rencontre avec ce lieu situé sous un chêne et dans un tournant, d'où l'on ne voit pas, comme d'ailleurs le reste du temps rarement, les gorges de la rivière Nartuby, mais dont on entend constamment le grondement ample et rassurant.

Le problème, c'est qu'ainsi constitué, petite pierre par petite pierre, mon amoncellement a fini par ressembler plus à une petite tombe d'enfant ou d'animal domestique qu'à un cairn.

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