« […] tout est matière en ce
monde et mourir signifie seulement retourner à l'élément l'être
c'est la pierre. La singulière volupté dont parle Epicure réside
surtout dans l'absence de douleur ; c'est le bonheur des
pierres. » (Albert Camus, L'homme révolté,
1951)
A chaque randonnée dans les sentiers
de l’es paillon et des Avals, dans le Haut Var, le rituel a
consisté, dès ma première marche, à déposer à chaque passage
(dans les deux sens) deux ou trois cailloux sans vraiment les choisir
sur un petit cairn bordélique, dénué de recherche esthétique, où
j'avais inscrit au crayon l'heure et jour (« 4 fév. 2014, 15 h
34 ») de ma première rencontre avec ce lieu situé sous un
chêne et dans un tournant, d'où l'on ne voit pas, comme d'ailleurs
le reste du temps rarement, les gorges de la rivière Nartuby, mais
dont on entend constamment le grondement ample et rassurant.
Le problème, c'est qu'ainsi constitué,
petite pierre par petite pierre, mon amoncellement a fini par
ressembler plus à une petite tombe d'enfant ou d'animal domestique
qu'à un cairn.
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