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Yannick Vigouroux, L'Oasis, Belfort, 16 janvier 2013
Je viens d'animer à Belfort mon premier « workshop »
(terme anglais un peu intimidant pour désigner un atelier de
pratique artistique) avec un groupe de trente et uns élèves de
classe préparatoire de l'école d'art Gérard Jacot. Une belle expérience humaine :
j'ai rencontré de jeunes créateurs âgés de 18 à 20 ans,
généreux, curieux, plein d'énergie et d'enthousiasme. Je suis très
fier du mur d'image organique que nous avons constitué
progressivement ensemble dans la salle d'exposition du
rez-de-chaussée de l'école !
La
veille du premier jour de workshop, la neige a commencé à tomber
pendant la nuit sur ville, la forteresse et le vieux Lion d'Auguste
Bartholdi. J'ai eu du mal à trouver mon chemin le mardi matin. J'ai
découvert en commençant à photographier avec les élèves que les
paysages enneigés ressemblaient à un négatif. Les valeurs
semblaient inversées, comme les images qu'ils obtiendraient sur
papier avec leurs sténopés argentiques... D'emblée, les repères
et les perceptions étaient brouillés, quel bonheur.
Quelques
images de l'atelier réalisées avec mon smartphone, et mon petit
programme...
Sur la photo : la robe conçue par Aurélien Finance,
portée par Lindsey Carreira.
© Yannick Vigouroux
L'été, avant de faire la sieste dans ma chambre d'enfant, je m'amusais à observer un grand théâtre d'ombre irisé au plafond. Je voyais tout ce qui se passait dehors malgré les volets fermés, les images se formant à travers un trou des persiennes. Ce fut ma première chambre noire. Plus tard, un maître d'école nous fabriqua une chambre noire dans un carton à chaussure. Un côté était percé d'un petit trou, le côté opposé remplacé par un papier transparent. On voyait les objets apparaître à l'envers sur le fond translucide de la boîte.
Édouard Boubat, La photographie
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Emilie Brotel
« A
l'égard des photographies réalisées avec des appareils-jouets
d'amateurs (tels que les appareils en plastique, les Instamatic et
Agfamatic...) par Bernard Plossu, Serge Tisseron parle d' «
Images sensations », par opposition à l'
« image sensationnelle », précise et léchée,
recherchée par les amateurs férus de technologie (Nuage-Soleil,
éditions Marval, 1994).
Ne
pas seulement voir les choses avec ses yeux mais avec tous
les sens, l'ensemble du corps envisagé comme la camera obscura
originelle évoquée par Edouard Bourbat. Ne pas seulement percevoir
mais inventer son paysage. Ce sont les gageures de
cet atelier.
On
pourra à cette fin employer des appareils amateurs en plastique
et les ressources paradoxalement créatives de leurs optiques de
mauvaise qualité et les effets qu'elles produisent (flou, grain,
vignettage...), les transformer en sténopé en enlevant leur optique
remplacée par un capuchon percé d'un trou (la même opération est
possible avec un appareil numérique ou argentique dit «
normal »).
On
pourra encore fabriquer un sténopé de toute pièce avec une
boîte en métal à thé ou à café, une canette, afin d'élaborer
sa propre machine sensorielle. Elle ne sera pas forcément fixe,
comme les prototypes du cinéma, elle pourra être en mouvement,
sonore...
On
pourra aussi faire aussi des photos sans appareil-photo en
renouant avec les expérimentations des avant-gardes des années
1920, grâce aux photogrammes (ou « rayogrammes »
ou « schadographies ») : les objets déposés sur
le papier, de préférence translucides, laissent leur empreinte
après que celui-ci ait été insolé dans la chambre noire.
On
pourra par exemple réaliser une prise de vue au smartphone
avec le logiciel « vignette », réglé sur Diana, et
rephotographier l'écran de son ordinateur avec le même
logiciel mais en mode « effet 35 mm » (des exemples de
logiciels par mi tant d'autres).
On
pourra ajouter ou enlever de la matière, obtenir «
plus » par soustraction, en multipliant les filtres,
les écrans, brouiller les pistes, déréaliser pour
ajouter un plus de présence...
Il
s'agira dans tout les cas d'appréhender différemment le monde,
à une distance et à une autre hauteur... en posant par exemple
l'appareil sur le sol, pas forcément à hauteur de regard, et sans
forcément s'enfermer dans le rectangle du viseur - les téléphones
mobiles nous ont d'ailleurs habitué depuis quelques années à
cela...
L'image
pourra être séquentielle, en mouvement, sonore, accompagnée de
texte (questionner le rapport texte-image)...
Dans
ce processus de fabrique de l'image, en l'occurrence celle du
paysage, l'accident jouera un rôle important. La dimension
empirique aussi, et le plaisir d'avoir de (bonnes) surprises.
Tous
les procédés peuvent être mixés, l'expérimentation étant le
leitmotiv...
Matériel
:
- appareils-photo argentiques et numériques de toutes sortes
- I-phones, smartphones et autres téléphones mobiles (et applications)
- boîte à thé ou café en métal
- adhésif opacifiant épais noir
- aiguille à coudre
- couteau style Opinel
Les
images réalisés par les élèves seront progressivement imprimées
et collées dans une salle d'exposition pour constituer un grand mur
d'images, une vaste fresque ou mosaïque organique, qui se
constituera petit à petit, heures après heures... »
L'exposition des photographies des élèves est visible jusqu'au 8 février 2013 (salle d'exposition du rez-de-chaussée de l'école d'art).
École d'art Gérard Jacot,
2 avenue de l'Espérance
90000 Belfort
Tél. : 03 84 36 62 10
Tél. : 03 84 36 62 10
Article
d'Emilie Brotel paru dans
L'Est
Républicain du 29 janvier
2013
Article
d' Alain Roy paru dans
Le Pays du 18 janvier 2013
Le Pays du 18 janvier 2013
©
Yannick Vigouroux,
Palais de la Découverte, Paris, 19 janvier 2013
En balade avec ma sœur et ma petite
nièce le surlendemain de mon départ de Belfort, j'ai photographié
dans la salle des expérimentations optiques du palais de la
Découverte (Paris) ce sténopé montrant en direct les arbres
enneigés.
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