vendredi 15 février 2013

« Les ambiguïtés du gros plan dans la photographie contemporaine », in La Voix du Regard n° 12, printemps 1999 (thématique : « L'image de soi »)








Un petit regard rétrospectif sur des thématiques et des problématiques qui continuent de m'habiter... J'ai eu le plaisir de collaborer à la revue papier La Voix du regard de 1999 à 2002, une passionnante « revue littéraire sur les arts de l'image » : je publie progressivement ici mes articles qui témoignent, comme ceux que j'ai publié dans la revue de cinéma Simulacres à la même époque, de la naissance de mon regard critique. Je remercie les rédacteurs en chef et les comités de rédaction de ces deux revues pour la confiance et la grande liberté qu'ils m'ont alors accordé, leur enthousiasme et leur curiosité intellectuelle (c'est tellement passionnant d'écrire avec des passionnés !).




Le site de la revue propose d'ors et déjà de nombreux textes, souvent lisibles dans leur intégralité :




La page d'index des éditions Rouge profond consacré à la revue Simulacres :























mercredi 13 février 2013

Fragment de road-movie maritime : « Vers Procida, 2003 » par Bernard Plossu



© Yannick Vigouroux, « Vers Procida, mars 2003 »
 (Holga, Epreuve gélatino-argentique, Coll. de l'ARDI-Caen)





« Napoli, Naples : de là, on prend tous les bateaux vers toutes les îles, les Eoliennes aux volcans mythiques et présents, Capri qui se fait belle pour ses visiteurs conquis d'avance, mais aussi, une autre île, restée très napolitaine, comme un vrai quartier populaire de cette ville où les sens interdits sont sans raison : l'île de Procida. Pour y aller, un de ces gros bateaux de passage vous y emmène assez vite, quel que soit le temps, de l'été très chaud à l'hiver où le vent glacé peut même amener de la neige sur la baie de Naples, je l'ai vu.

Un jour, un photographe rêvait au bastingage : il vivait enfin toutes les odeurs de Naples, et prenait, donc, le bateau pour l'île de Procida… A la différence près, qu'au lieu, comme tous les autres ou presque, de faire des photos en "couleur", comme on dit, il regardait l'horizon mouillé des vagues dont l'écume trempait son objectif, par le viseur de son petit appareil en plastique "pour enfant", comme un enfant heureux, en fait ! Fasciné par la vue, le son et l'odeur des vagues, il en fit plusieurs, et traduisit l'ensemble de ces sensations en choisissant un triptyque, une suite presque cinématographique, plutôt qu'une image seule.

Et du coup, c'est le bruit de la vision des vagues claquant avec force contre le bateau, qui fut traduit, un balancement, un tangage de la mer quand elle se déchaîne : ces trois images nous font totalement nous immerger dans ce moment, nous sommes avec lui en mer, en route vers l'île, nous reculons quand la vague explose avec fracas. Voici le quai de Procida : le / nous voici arrivé (s) sur ce ponton cubiste, désordonné, néoréaliste, ultime quartier de Naples, où l'on s'attend à croiser de jeunes Sophia Loren, et où on se sent si heureux de vivre (et de voir en photo). Ce soir des spaghettis ? Yannick marche sur le quai : là, le monde commence…
 


Bernard Plossu, Napoli, juillet 2003 »





Première publication sur  

jeudi 7 février 2013

Le polaroid est un Meccano argentique ?


© Yannick Vigouroux,
« Residencia Monte Real, Lisbonne, 1998 »,
de la série « Littoralités » 
(Polaroid Image, coll. de l'ARDI – Caen)





Je m'interrogeais il y a quelques jours sur la légitimité de la nostalgie, et des effets visuels de type « Pola vieilli » (The Impossible Project, application Instagram etc.)...





catalogue Jouef année 1970



Certains de mes polaroids me font tant penser aux images (bons points gagnés à l'école, images offertes dans les boîtes de chocolat en poudre Poulain...) que je collectionnais et conservais enfant dans une petite boîte en ferraille, ou collais dans un cahier. Ils me font aussi parfois penser à mes jouets les plus précieux, que je retrouvais avec tant de bonheur chaque été : dans le garage de mes parents, il m'était alors permis, pour la durée des vacances scolaires, d'installer sur une grande plaque de contreplaqué les rails, les décors, les wagons et les locomotives de mon train électrique miniature.

Cette enseigne d'hôtel, en particulier, photographiée à Lisbonne, ressemble tant au bras articulé et lumineux d'un Meccano. Celui d'une machine de forage ou d'extraction de l'or noir de l'enfance non pas retrouvée (puisque jamais perdue), mais sans cesse extraite, je l'espère, du quotidien.